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BARCA di VENETIA per PADOVA
La barque de Venise à Padoue

Après avoir repris les thèmes traditionnels de la Commedia dell'Arte, Adriano Banchieri essaie de s'éloigner de cette inspiration. Il retient pour la Barca le thème du voyage sur le burchiello, cette barque - universellement connue en Europe pendant des siècles - qui reliait Venise à Padoue.

La première édition de Barca di Venetia per Padova parut à Venise en 1605. Une deuxième édition - qui est celle présentée ici - parut en 1623. Non sans un brin d'humour, Adriano Banchieri précise que cette nouvelle barque est "restaurée, radoubée et recalfatée". Cette édition comprend une basse continue "per lo spinetto o chittarrone".

L'action démarre sur les quais de Venise, où un personnage, issu en droite ligne de la Commedia dell'Arte - l'Humor svegliato (hommage à Vecchi qui avait, dans Le Veglie di Sienna décrit les différentes "humeurs" de la musique moderne) - invite les passagers à monter dans la barque et leur promet force divertissements (n° I).

Des pêcheurs vendent leurs poissons à la criée, tandis que le choeur, dans une douce complainte, évoque la fortune diverse des travailleurs de la lagune (n° II). Tout le monde embarque, et dans la cohue des bateaux et des gondoles, le patron de la barque fait ses adieux à sa douce Ninetta, adieux ponctués d'éclats de voix, de jurons, de commentaires divers fusant du quai et des autres embarcations (n° III).

Nous voici sur la barque. Le patron invite les voyageurs à montrer leurs talents de façon à rendre le voyage agréable (n° IV). Un libraire florentin propose de réunir cinq chanteurs pour interpréter des divertissements de Banchieri (n° V). Un maître de musique de Lucca, après quelques vocalises, demande aux chanteurs de s'avancer (n° VI). Cinq chanteurs se présentent et interprètent chacun une phrase musicale : il y a un Napolitain, un Florentin, un Vénitien et un Bolonais, ainsi qu'un Allemand ivre (n° VII); celui-ci propose une tournée générale (n° VIII). Le maître de musique reprend le contrôle de la situation et propose deux madrigaux imités de Gesualdo (n° IX et n° X).

Après l'arrêt à Fusina, la courtisane Rizzolina, lassée des madrigaux (n° XI), propose une aubade dialoguée avec son favori, l'étudiant Orazio (n° XII). Des Juifs interviennent à leur tour pour faire bruyamment leurs prières (n° XIII). Deux madrigaux sont de nouveau interprétés, l'un à la manière de Marenzio (n° XIV), l'autre à la manière du compositeur napolitain Spano (n° XV). Rizzolina reprend le devant de la scène en proposant une "ottava rima" (pièce de huit vers de onze pieds) accompagné au luth (imité par le choeur) (n° XVI). Orazio lui répond de la même manière (n° XVII). A la fin de cette pièce, une corde du luth casse, et Rizzolina et Orazio poursuivent avec un air en imitation du compositeur piémontais Radesca (n° XVIII). La barque arrive au port, les passagers acquittent le prix du voyage et célèbrent, avant de se séparer, les fantaisies de Banchieri (n° XIX). Sur le port, ils croisent un soldat qui mendie et l'écartent en l'injuriant (n° XX).

Musicalement, on est frappé par la variété, mais aussi par la maîtrise des styles employés. Adriano Banchieri fait preuve d'une véritable virtuosité technique dans la science du contrepoint et dans l'imitation des compositeurs de l'époque (Gesualdo, Spano, Marenzio, Radesca). Adriano Banchieri nous révèle également un authentique talent de dramaturge : la modernité de l'argument, les caractères des personnages, le thème du voyage, tout concourt à faire de la Barca une œuvre exceptionnelle ouvrant la voie de l'opéra moderne.

La barque exprime un lieu clos où alternent des scènes comiques, légères et sentimentales ou graves, où surviennent des rencontres entre des personnages pittoresques et émouvants, où tout est possible pendant le temps d'un voyage

A la fin de la traversée tout s'estompe : les personnages se séparent, le charme des rencontres s'évanouit et chacun retrouve son quotidien.



"Je fus ravi d'apprendre l'existence d'un service régulier de bateaux pontés entre Padoue et Venise... A Dolo, station qui se trouve à moitié chemin, je formai une petite société avec deux abbés, un officier, et une jolie Vénitienne très vive et très spirituelle et nous dînâmes fort gaiement ensemble."

Arthur Young (1787)


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