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Le voyage sur le Burchiello de Venise à Padoue
Repères historiques
Descendue des Dolomites, la rivière Brenta devient dans la plaine de Vénétie un petit fleuve tranquille qui a longtemps
paressé sans avoir de cours fixe.
A l'époque romaine, la Brenta se divisait en deux branches à Ponte di Brenta : l'une se jetait dans la mer à
Malamocco; l'autre bien plus vaste, entrait dans la lagune à Portoseco. Au Moyen Age, des rivalités naquirent entre
Padoue et Venise. Le contrôle de la Brenta était stratégique puisqu'il permettait aux Padouans d'accéder à la mer,
mais leurs bateaux de commerce étaient contrôlés par les Vénitiens aux portes de Venise. En 1142, les Padouans coupèrent
la Brenta à Ponte di Brenta; ils ouvrirent à Oragio un nouveau canal. En I209, la Brenta rejoignait la lagune grâce au
canal Piavegio. Aujourd'hui encore, subsiste à Oragio le pilier marquant la frontière entre la République de Venise et
Padoue.
En 1405, Padoue passa sous le contrôle de la République de Venise et devint son hinterland, ainsi que sa plus
proche place forte. Les terres jouxtant la Brenta furent acquises par les patriciens de Venise; lieux d'exploitation
agricole, de nombreuses fermes et villas furent construites le long du canal et de la rivière. A l'apogée de sa puissance,
la Sérénissime contrôle la Méditerranée : habitués de la mer, ses hommes qui ne labourent, ni ne sèment, ni ne vendangent,
mettent "pied sur terres" sur les rives de la Brenta.
Puis la Cité des Doges perd sa suprématie à la fin du XVème siècle. Vasco de Gama rallie alors les Indes par le Cap
de Bonne Espérance. Les Ottomans conquièrent les Balkans et progressent sur l'ancien espace byzantin; Christophe Colomb
déplace le centre de gravité du monde vers l'Atlantique. L'invincible lion de Saint Marc devient vulnérable. Le campanile
n'est plus le phare de l'Europe. Lisbonne et Séville imposent leurs routes océanes et détournent à leur profit le commerce
proche et lointain. Paradoxalement, grâce à sa situation rentière, Venise va connaître, à partir du XVIème siècle, une vie
artistique et culturelle remarquable. Elle va devenir le coeur de l'Italie intellectuelle et resplendira par sa peinture
(Bellini, Giorgione, Carpaccio), par sa sculpture (Lombardi), son architecture (Palladio) et ses musiciens (les Gabrieli,
Monteverdi). En 1605, Banchieri, musicien de Bologne, séjourne à Venise.
Venise accueille alors les plus célèbres organistes, maîtres de chapelle et musiciens de l'époque. Elle est un haut-lieu
pour la musique d'église, de cour et même la musique plus populaire (les "frottole"). Au début du XVIIème siècle, on compte
dans ses murs huit salles de spectacle pour 15.000 habitants. Les "Scuolae Grandae", confréries vénitiennes riches et
influentes, passent commande aux artistes de pièces de théâtre et d'oeuvres musicales. Tout est prétexte à fêtes et à
danses : ce sont surtout lors des grandes fêtes religieuses - fête de la Salute, Fête-Dieu, fête des saints patrons - que
se déroulent les cérémonies et les concerts sur les canaux et dans la lagune; la plus remarquable, le jour de l'Ascension,
est la fête des épousailles du Doge avec la mer : les gondoles écussonnées, portant joueurs de luth et de mandoline,
escortent le Bucentaure, la replendissante galère des Doges.
A ces occasions, l'on dansait sur les places et les parvis, des aventures se nouaient permises par l'anonymat des masques :
saltimbanques, bateleurs et musiciens côtoyaient les patriciens, les marchands ou les courtisans ainsi que les nobles
dames, les courtisanes ou les ribaudes. Venise attirait une foule d'étrangers : orientaux enturbannés, allemands, juifs en
lévite, lombards à calotte de feutre, napolitains, florentins, bolonais, reconnaissables à leurs accents et dialectes.
La fête du jeudi gras décrite par Adriano Banchieri dans son Festino était une des plus importantes de Venise. Elle
est représentée par de nombreux tableaux du XVIIème et XVIIIème siècle. Ce jour là, on tranchait la tête de 12 porcs. Un
cortège pénétrait dans l'arène dressée place Saint Marc; des bouchers munis de hallebardes et d'épées à deux mains
défilaient. Les animaux étaient alors lâchés puis tués sous le regard du Doge et de sa suite. Venise rappelait par cette
mascarade le souvenir du patriarche d'Achillée et de ses douze chanoines qui, emprisonnés au XIIème siècle, durent payer
au Doge un tribut de 12 porcs et un taureau. On pouvait admirer des acrobates montés en pyramides à huit niveaux, les
forces d'Hercule, des courses de taureaux, des équilibristes descendant en corde du haut du campanile jusqu'au palais
ducal pour offrir un bouquet de fleurs au Doge (Svolo dell'angelo ou Envol de l'ange). La mauresque était la plus grande
attraction : cette danse simulait les assauts de l'escrime. Elle fut célébrée par Lassus, par Monteverdi dans son Orfeo,
et également par Foscarini dans ses Chants du peuple vénitien : "J'étais sur la piazzetta et j'ai vu le vol de l'ange,
j'ai vu aussi danser la mauresque mais sans toi, mon amour, j'étais seul."
Les riches Vénitiens découvrent également les joies des séjours champêtres. Ils surveillent leurs exploitations
tout en se distrayant. Leur villégiature dure de la St Antoine (13 Juin) à la fin juillet, et de septembre à la St Martin
(11 novembre). Toute occasion de fête due à un saint patron est bonne pour danser et chanter. Ils embellissent leurs
demeures, ou transforment les fermes massives en villas cossues de telle sorte que le Canal Grande se prolonge loin dans
la campagne. Les Pisani possèdent une cinquantaine de maisons et Palladio construit les plus belles, sous forme de villas
romaines ou de villas temples.
Pendant des décennies les rives de la Brenta furent ainsi fréquentées par l'aristocratie vénitienne qui y organisait
des fêtes nocturnes avec feux d'artifice, concerts et banquets. On y jouait des oeuvres de Pergolèse, Cimarosa ou Vivaldi,
tandis que les bateaux illuminés transportaient les invités de villa en villa. "C'était belle et bonne vie."
La Barca à travers quelques récits de voyages
Les voyageurs qui allaient de Venise à Padoue pouvaient emprunter la "Barca" sur la Brenta. Ce service régulier de
transport était connu de l'Europe entière; le "Burchiello" (Burchio bello : belle barque) a été immortalisé par les peintres
Canaletto (L'écluse de Dolo), Marieschi, Tiepolo, Guardi, Fragonard et par le graveur Costa (1772) dans son ouvrage
La Delizie del fiume Brenta au XVIIIème siècle.
Durant le trajet, voyageurs de toutes sortes se rencontraient : riches marchands, nobles dames, artistes, musiciens,
courtisanes et gens du peuple. C'étaient des moments de découverte, au rythme de la navigation, passages des écluses,
haltes pour se restaurer; des contacts se nouaient; on racontait des histoires, les artistes chantaient rires et peines,
amours et querelles. Comme dans la Barca de Banchieri, "le voyage avait ses moments de charme et de grâce, de gaîté et de
bonne humeur". On y chante le contrepoint bestial, des capricciate, des madrigaux à la manière de Marenzio ou du
compositeur Spano. La Barca est aussi le lieu clos des rencontres, des découvertes, des jeux de séduction et des amours
naissantes : "Ecrivains, musiciens, vénitiens, étrangers, tous ont fait résonner les rives du canal de leurs chants, de
leurs rires, de l'écho de leurs amours."
Le premier récit de voyageur que l'on connaît est celui de Philippe de Commynes (1494). "Ce jour que j'entray à
Venise vindrent au devant de moy jusqu'à la Chafusine (Fusina) qui est à cinq milles de Venise; et là on laisse le bateau
en quoi on est venu de Padoue le long d'une rivière, et on se met en petites barques, bien nettes et couvertes de
tapisseries et beaux tapis veluz dedans.. La mer y est fort plate.. On aperçoit Venise et grand maisonnement
tout en l'eau..."
Montaigne, dont on connaît le Journal de voyage en Italie (1580), décrit ainsi ses affres sur l'eau : "... nous
nous rendîmes à la Casa Fusina, vingt milles, où nous dînâmes. Ce n'est qu'une hôtellerie où l'on se met sur l'eau
pour se rendre à Venise. Là abordent tous les bateaux le long de cette rivière, avec des engins et des poulies que
deux chevaux tournent à la mode de ceux qui tournent les meules d'huile. On emporte ces barques avec des roues qu'on
leur met au-dessous, par dessus un plancher de bois pour les jeter dans le canal qui va se rendre en la mer où Venise
est assise... Nous vînmes à la Casa Fusina, cinq milles, où nous nous mîmes hommes et bagages dans une barque pour deux
écus. Il a accoutumé craindre l'eau; mais ayant opinion que c'est le mouvement seul qui offense son estomac, voulant
essayer si le mouvement de cette rivière qui est égale et uniforme, attendu que les chevaux tirent ce bateau,
l'offenserait, il l'essaya et trouva qu'il n'y avait eu nul mal. Il faut passer deux ou trois portes dans cette rivière,
qui se ferment et s'ouvrent aux passants. Nous vînmes coucher par eau à Padoue."
Le canal de la Brenta devint à cette époque la voie la plus pratiquée et agréable entre Venise et Padoue. Il était
silloné de toutes sortes d'embarcations depuis les petites barques à rames et le chaland à fond plat halé par les chevaux
pour le transport des marchandises et des provisions, jusqu'à la barque de Padoue, véritable diligence populaire reliant
les deux villes et surmontée d'une couverture en demi cercle, sans compter le Burchiello.
Longa, qui possédait une villa le long de la Brenta décrit un siècle plus tard les fêtes : "A la tombée de la nuit,
nous reprîmes nos bateaux éclairés et en chantant et en riant, nous nous dirigeâmes vers Mira. Notre orchestre commença à
jouer et tout de suite un autre orchestre lui répondit à l'intérieur de la villa, alors nous débarquâmes et le maître de
maison vint à notre rencontre entouré d'une foule d'hôtes. On se mit à danser et les danses finirent à l'aube. La réception
dura huit jours..."
Lassels dans son Voyage d'Italie (1682) raconte : "Nous louâmes à Padoue une "piotta" ou petite barque pour aller à
Venise; car il est plus honorable d'y arriver de cette sorte que d'entrer dans la grande barque où il y a mille sortes de
canailles. Nous vîmes le long de la rivière de la Brenta une infinité de palais magnifiques et de beaux jardins. Notre
"piotta" était tirée par des chevaux."
C'est surtout au XVIIIème siècle que les fastes de la traversée sont célébrés par les grands voyageurs. La plus
touchante description est relatée par Casanova dans ses Mémoires : "Le deux avril 1734, jour où j'accomplissais ma
neuvième année, on me conduisit à Padoue dans un Burchiello par le canal de la Brenta. Nous nous embarquâmes à dix heures
du soir, immédiatement après souper. Le Burchiello peut être regardé comme une petite maison flottante. Il y a une salle à
manger avec un cabinet à chacun de ses bouts et gîte pour les domestiques à la proue et à la poupe; c'est un carré long, à
impériale, bordé de fenêtres vitrées avec des volets. On fait le voyage en huit heures... Le lit était trop bas pour que
je pusse voir la terre; je ne voyais que le sommet des arbres dont la rivière est bordée. La barque voguait d'un mouvement
si égal que je ne pouvais le deviner de sorte que les arbres qui se dérobaient successivement à ma vue avec rapidité me
causèrent une extrême surprise. Ah ma chère mère ! m'écriai-je, qu'est-ce que celà ? Les arbres marchent."
Le Président de Brosses appelle le Burchiello "le petit fils du Bucentaure", dans ses Lettres familières écrites
d'Italie (1739) : "C'était le plus joli enfant du monde, ressemblant fort en beau à nos diligences d'eau et infiniment
plus propre composé d'une petite antichambre pour les valets, suivie d'une chambre tapissée de brocatelle de Venise, avec
une table et deux estrades garnies de maroquin et ouvertes de huit croisées effectives et de deux portes vitrées; nous
trouvions notre domicile si agréable et si commode que contre notre ordinaire nous n'avions nulle impatience d'arriver,
d'autant que nous étions munis de forces vivres, vin de Canarie etc.. et que les rivages sont bordés de quantité de belles
maisons des nobles vénitiens."
Goldoni, dont les comédies étaient jouées à Venise, à Padoue et dans les palais palladiens, reprend les personnages de
la Commedia dell'Arte; proches des comédies madrigalesques de Vecchi ou Banchieri, ils font alterner l'humour et le drame,
le grotesque et le sentimental. D'un côté Pantalon caricature le commerçant de Venise, de l'autre, le dottore est le docte
professeur de Bologne; Brighella et Arlequin, personnages de Bergame expriment la farce. Le Burchiello est ainsi évoqué
dans ses Mémoires : "Rien de plus commode, rien de plus élégant que ce petit bâtiment appelé Burchiello, et que l'on avait
fait venir exprès de Venise. C'étoit une salle et une anti-salle couvertes en bois, surmontées d'une balustrade, éclairées
des deux côtés, et ornées de glaces, de peintures, de sculptures, d'armoires, de bancs et de chaises de la plus grande
commodité. C'étoit bien autre chose que la barque des Comédiens de Rimini... Tous ces messieurs jouaient de
quelqu'instrument. Il y avoit trois violons, un violoncelle, deux hauts bois, un cor de chasse et une guitarre. Il n'y
avoit que moi qui n'étoit bon à rien, j'en étois honteux, et pour tâcher de réparer le défaut d'utilité, je m'occupois
pendant deux heures tous les jours, à mettre en vers, tant bons que mauvais, les anecdotes et les agrémens de la veille.
Cette galanterie faisoit grand plaisir à mes compagnons de voyage, et c'étoit leur amusement et le mien après le café."
Peu de temps avant la chute de Venise, Goethe décrivait dans son Voyage en Italie (1786) sa dé- couverte de Venise par
la Brenta : "Il est donc écrit dans mon livre du destin que le 28 Septembre 1786 au soir à 5 heures de chez nous entrant
dans la lagune par la Brenta, j'aurais vu pour la première fois Venise... Les rives sont ornées de jardins et de villas;
de petits villages s'alignent sur le bord, le long duquel serpente parfois la grande route. En descendant la rivière par
les écluses, de temps en temps, on s'arrête, et on profite pour donner un coup d'oeil à terre et pour goûter les fruits
qu'on vous offre en grande quantité. Ensuite on remonte à bord pour continuer le chemin à travers un petit monde tout
plein de vivacité et d'animation."
L'année suivante, A. Young évoque les rencontres occasionnées par la traversée : "Je fus ravi d'apprendre l'existence
d'un service régulier de bateaux pontés entre Padoue et Venise.. Il y avait des ecclésiastiques, deux ou trois officiers,
et quelques personnes mieux mises que je ne m'y serais attendu en Italie. A Dolo, station qui se trouve à moitié chemin,
je formai une petite société avec deux abbés, un officier, et une jolie Vénitienne très vive et très spirituelle et nous
dînâmes fort gaiement ensemble."
Mais après la perte de souveraineté de la Sérénissime, les villas sont abandonnées. La Brenta n'est plus un lieu de
voyage. La musique et les fêtes s'arrêtent. Les voyageurs (comme Taine en 1865) ne célèbrent de la Brenta que sa splendeur
passée et décrivent avec nostalgie les lustres d'antan.
D'Annunzio au XXème siècle se souvient de "...la rivière magnifique et glorieuse des sonnets des abbés galants quand,
suivant le courant, les burchielli descendaient pleins de musique et de plaisirs, [qui] avait maintenant un aspect humble".
Hemingway, dans Au delà du fleuve et sous les arbres (1950) rêve de la Brenta : "Ils dépassèrent la longue rangée de
bateaux sur le canal qui porte les eaux lentes venues de la Brenta; ce qui lui rappela la longue étendue de la Brenta et
l'enfilade des grandes villas, avec leurs pelouses, leurs jardins et les platanes, les cyprès. J'aimerais qu'on m'enterre
là-bas, songea-t-il. C'est un coin que je connais bien."
Morand allait jusqu'à écrire en 1970, en comparant les voyages qu'il fit dans sa jeunesse et surtout les descriptions
des voyageurs d'antan : "La Brenta s'aplatit en mare à l'approche de la lagune; son eau mate, délustrée, couleur d'huile
de vidange, aux reflets de rouille, semble répugner à atteindre Mestre". Il rejoignait le sentiment exprimé par Thomas Mann
dans La mort à Venise ou celui de Barrès écrivant : "Sur ces eaux peu profondes et pâles qui présentent parfois les
couleurs des fleuves d'automne... le voyage vers Venise a l'image d'une beauté qui conduit vers la mort."
Le voyage aujourd'hui sur le Burchiello
Aujourd'hui encore, on peut admirer en prenant une vedette qui traverse les mêmes écluses que jadis, de magnifiques
palais voisins de ceux où Losey a tourné Don Giovanni, où Balzac a planté le décor des amours de Massimila Doni et du bel
Emilio (La Malcontenta). Sur les deux rives du canal, des saules pleureurs et des arbres aux couleurs pastel jouxtent la
rive. Les palais et les demeures, aux tons ocre se mirent dans le canal. Entre les villas et les borchesse (granges) se
trouvent des maisons de paysans, de pêcheurs et de bateliers. Le voyageur a besoin parfois d'imagination pour se
représenter la Barca à l'époque de Banchieri. Les noms de lieux ont toutefois la même résonance : Fusina, Dolo, Mira.
Les villas n'ont plus le lustre d'antan. Fusina est devenue une zone industrielle, les mouvements des bateaux sont moins
intenses. Le "Burchiello" est aujourd'hui une vedette de deux cents places; les courtisanes et les artistes ont laissé la
place aux touristes.
En voyant la beauté de certains sites, en admirant les décorations des palais, en relisant les récits du passé, les
personnages se mettent à revivre : le maître de musique de Lucca, Rizzolina la courtisane et son amant l'étudiant Orazio,
le libraire florentin, Ninetta et le batelier, le pauvre soldat, le joueur de luth, les pêcheurs. On se souvient alors des
courtisanes "qui n'offraient pas seulement des corps complaisants mais qui partageaient avec leurs amants les plaisirs de
la conversation et le goût de la musique", musique qui nous est parvenue intacte pour évoquer la gaîté des fêtes
vénitiennes.
Mais l'eau qui s'écoule est aussi symbole du temps qui fuit et des amours passées : "Le canal pareil à ma peine
s'écoule". La barque exprime un lieu clos où alternent des scènes comiques, légères, agréables (piacevole), sentimentales
ou graves, où surviennent des rencontres entre personnages pittoresques et émouvants. Elle suggère aussi le mouvement d'un
voyage qui va à son terme. A la fin de la traversée tout s'estompe. Le charme des rencontres s'évanouit. Les personnages
se séparent. Quitter la barque, c'est aussi revenir sur terre, retrouver son quotidien ou sa solitude...
Le bonheur était sinon illusion du moins éphémère...
Les masques du carnaval tombent...
La fête est finie.
Philippe et Monique Hugon
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